Le Centre de Santé Rossetti spécialisé handicap, est un établissement des PEP 06 dirigé par le Docteur Jean-Pierre Flambart. Pour connaître cet établissement, je suis allée voir Stéphanie Audoin qui y travaille depuis 2010.
Morgane Méplomb : Qu’est-ce que tu fais, comme métier ?
Stéphanie Audoin : Je suis secrétaire, assistante médico-sociale au sein du centre de santé Rossetti. Essentiellement, j’ai démarré par les consultations du docteur Flambart et l’analyse de la marche … et occasionnellement secrétaire du professeur Griffet, une fois par mois. S’est ajouté, la radiologie EOS, et au fil des années la rééducation, … il n’y a pas si longtemps que ça, […] l’Handiconsult. […] Il y a des médecins MPR (Médecine Physique et Réadaptation), pédiatres, pédopsychiatres, gynécologues, ophtalmologues, ORL, généralistes… 1 fois par mois voire 2. Il y a l’algologue, aussi ! Donc je m’occupe de la plateforme Handiconsult, aussi.
Mais le plus gros du boulot, ici, c’est quand même la planification sur les programmes intensifs en rééducation puisque notre centre est un pôle … unique en France, au niveau appareillage, robotique pour la rééducation. On reçoit des familles de toute la France.
Il faut organiser ces consultations à la demande des familles, des essais sur nos machines et puis si les essais sont concluants, un programme de rééducation intensif qui dure entre 4 et 6 semaines. […]
M.M. : L’équipe qui travaille ici, c’est une grande équipe ?
S.A : C’était une petite équipe quand j’ai commencé. Maintenant nous sommes effectivement une grande équipe. 11 médecins. […] et 5 kinésithérapeutes. Donc ça, c’est le plus gros à gérer. Il y a aussi l’analyse de la marche, on a deux ingénieurs. J’ai aussi l’activité radio à gérer. Et il y a 3 professeurs APA (Activités Physiques Adaptées). Et notre infirmière coordinatrice en Handiconsult. Donc ça fait quand même pas mal de personnes. On a démarré en 2010 on était peut-être 5. Maintenant on doit être une vingtaine.
M.M. : Et tu penses que ça va s’agrandir encore ?
S.A : Oui, parce qu’il y a le dentaire qui arrive […], un dentiste et une assistante dentaire. […]
Je sais qu’en Handiconsult, il est prévu aussi d’autres médecins : cardiologue, urologue, … […] Heureusement, ils ne consultent pas tous en même temps ! […] J’ai quand même beaucoup d’appels ou des demandes par mails pour Handiconsult. […]
M.M. : Est-ce que tu peux m’expliquer un peu Handiconsult ?
S.A. : Handiconsult c’est dédié aux personnes ne trouvant pas à se soigner dans d’autres structures. Surtout des personnes dyscommunicantes, comme les personnes autistes, comme les personnes trisomiques… Toutes ces personnes, dans l’enfance, sont quand même bien cadrées, bien suivies, mais quand elles sont adultes, si elles ne sont pas en foyer, il y a un lâcher dans les soins. […] Les libéraux n’ont pas le temps de les prendre en charge et ne veulent pas non plus parce que ce sont des pathologies qu’ils ne connaissent pas forcément. Ici, les médecins ont l’habitude de travailler avec le handicap. Et puis, notre temps à nous … c’est de prendre le temps ! Donc nos consultations durent au minimum 1 heure, voire plus s’il faut. On fait des visites blanches aussi. […] Un exemple, en ophtalmologie, une personne trisomique vient régulièrement avec son éducatrice et on lui fait visiter la salle d’ophtalmologie, on essaie de l’asseoir sur le fauteuil, de lui mettre le front contre l’appareil d’ophtalmologie, chose qui n’est pas facile à faire parce que, dès qu’elle voit la pièce elle ne veut pas entrer, elle dit non. […]
M.M. : Oui, il faut qu’elle s’habitue avant que vous puissiez faire le soin.
S.A. : Tout à fait.
M.M. : Au final, Handiconsult, c’est plus pour des adultes ou c’est vraiment pour tout le monde ?
S.A. : C’est dédié à toute personne, que ce soit adultes ou enfants. […]
M.M. : Et tout ce que vous faites, autre que Handiconsult, c’est dédié à qui ? C’est pour tout le monde aussi ?
S.A. : Non. C’est le polyhandicap essentiellement au Centre de Santé, sauf la radiologie. La radiologie EOS est destinée à toute personne, qu’elle soit porteuse de handicap ou pas. En revanche, il n’y a que 3 types de clichés, on ne peut pas faire du petit cliché. C’est-à-dire, on a mal au coude, on a mal à l’épaule, on a mal au genou, on ne vient pas faire un EOS pour ça. […] EOS, ce n’est que du grand cliché. Pour corps entier, demi corps. […] L’avantage d’EOS c’est que c’est 10 fois moins irradiant qu’une radio conventionnelle. […]
M.M. : Vous faites d’autres choses aussi ?
S.A. : Oui … L’analyse de la marche. […] C’est un tapis avec des capteurs et des caméras. C’est avec l’analyse de la marche qu’a ouvert le centre de santé […]. Elle est prescrite souvent par des chirurgiens pour éviter des multi chirurgies. […] Grâce à l’analyse de la marche, on peut s’occuper en une seule intervention tous les défauts de l’enfant.
Mais il n’y a pas qu’au niveau chirurgical, ici on voit des enfants et des adultes pour la toxine botulinique …
M.M. : C’est quoi ? S.A. : La plupart des personnes en situation de handicap ont de la spasticité, de la raideur des muscles, dans les membres inférieurs, dans les membres supérieurs, tout dépend leur atteinte cérébrale. On leur injecte cette toxine qui détend le muscle et ce qui fait que, la spasticité, soit il n’y en a plus soit elle est moindre. Du coup, la marche est beaucoup plus fluide, ou le membre supérieur est beaucoup fluide. Donc il peut attraper une tasse, attraper une cuillère, alors que, si le membre est tout le temps rétracté… […]
En rééducation, on a le GRAIL […] C’est de la rééducation en immersion virtuelle, sur un tapis de marche multidirectionnel et avec un écran à 180°. L’ingénieur qui est dessus fabrique, invente des jeux en fonction de ce que demande le thérapeute : sur ce patient, il faut travailler le shoot, par exemple, pour dérouler le pas ou le lever de jambes… Donc, Julien, l’ingénieur actuel sur le GRAIL, va développer un jeu… Un exemple : un terrain de foot avec un but et l’enfant tire dans le ballon. On leur met des capteurs sur les jambes et il voit son lancer de ballon à l’écran. C’est très ludique. C’est la WII mais en 4 fois plus moderne… Et ça permet de travailler aussi la statique. Pour une personne âgée, par exemple, qui appréhende la foule et qui a des problèmes de stabilité, on peut créer un supermarché, sur le tapis, elle avance et à l’écran, elle est dans un rayon, en train de faire ses courses. […]
On a le robot de marche, de la marque Lokomat. Le robot de marche, nous sommes le seul centre pédiatrique en France à l’avoir. […] Il est révolutionnaire chez les familles. Dans le monde médical aussi, évidemment ! […] On a vu des enfants qui marchaient peu, et qui marchent aujourd’hui soit avec une aide technique, soit qui arrivent à se lâcher sur une petite distance. On avait une kiné ici […] et un pédopsychiatre […], pendant 2ans ils ont travaillé sur des dessins… En fait, le robot de marche, il y a la marche, effectivement, mais il y a aussi tout le schéma corporel de l’enfant. L’enfant ne se rendait pas compte qu’il avait des jambes… Il ne se rendait pas compte qu’il avait un buste, qu’il avait des mains aussi pour se tenir. Sur les dessins, souvent, l’enfant se dessinait une tête, un tronc puis il oubliait peut-être de dessiner ses mains ou ses jambes. Après les 16 séances de Lokomat, la transformation était flagrante sur le dessin. L’enfant arrivait à se dessiner un bonhomme avec des bras, des jambes, une tête, un corps … […]
On a de la rééducation classique et il y a le service des APA (Activités Physiques Adaptées). [Voir article du 3/02/2020]
Voilà, tu sais tout sur le centre ! […]